L’histoire du sacrement

2 novembre 2019

Au commencement

Dès les origines, saint Paul le dit dans ses lettres, tous les fidèles sont baptisés, à commencer par lui. Les premiers chrétiens ont conscience d’obéir à une consigne du Christ lui-même : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (ce sont les derniers mots de l’Évangile de Mathieu). Et, depuis le début, c’est l’eau qui est l’élément central de ce nouveau rite. Certes, on baptisait déjà au temps de Jésus. Et les rites d’eaux sacrées - bains ou étuves - étaient fréquents. Mais il existe une spécificité chrétienne : on ne se baigne pas, on est baigné par un autre. Et on l’est au nom du Christ.

IIe-XIIe siècles : vers le baptême des enfants

Puisque le baptême faisait entrer dans une vie nouvelle lavée de tout péché... on attendait bien souvent la fin de sa vie pour le demander ! Le plus célèbre exemple est celui de l’empereur romain Constantin. Mais, hors ces baptêmes in extremis, on demandait à être admis à la préparation au baptême. Cette préparation, le catéchuménat, se met en place à la fin du IVe siècle. Un fidèle chevronné se porte garant pour vous devant la communauté, et devient votre guide. On l’appelle du nom de sponsor, celui qui vous pousse ; ou encore du nom de père pneumatique ou spirituel (de pneuma, souffle en grec). Il est l’ancêtre du parrain. Baptisé, presque toujours lors de la nuit de Pâques, le fidèle est né de l’eau et de l’Esprit : il reçoit la grâce de l’Esprit saint. Cela est traduit par des gestes qui complètent le bain d’eau : onction d’huile ou imposition des mains. C’est en Gaule, au Ve siècle, qu’apparaît le terme de »confirmation« pour le don de l’Esprit célébré dans la foulée du baptême. Avec la christianisation, la proportion des adultes et des enfants s’inverse progressivement. Le baptême reste collectif. La communion conclut la célébration. On continue à célébrer la confirmation si l’évêque est là.

XIIe siècle : pour protéger la vie des enfants

A partir du XIIe siècle, on baptise les bébés. Pourquoi ? La mortalité infantile était effrayante depuis longtemps. Or la maladie n’en est plus la seule cause : pauvreté, famines, guerres : des parents en viennent à supprimer leurs nouveau-nés. Les évêques s’émeuvent. Les synodes réagissent et prescrivent le baptême. La conscience morale collective évolue. En parallèle la théologie aussi, et l’on veut faire bénéficier ces enfants qu’on entend protéger, de la grâce du sacrement dès que possible (quam primum). Les prêtres doivent dès lors enseigner à tout chrétien comment baptiser en urgence. On développe pour la même raison le baptême par effusion contre le baptême par immersion. Autrement dit, on ne baigne plus, on verse de l’eau sur le front.

XIIIe-XXe : variations sur « l’âge de raison »

La question se développe : à quel âge comprend-on bien ce qui se passe lors d’une célébration ? La réponse sera variable et dissociera les trois sacrements de l’initiation, jusqu’alors célébrés comme un tout, trois facettes d’un même mystère pascal. Au XIIe siècle, on retarde la communion à l’âge de « discrétion » - on dira plus tard de « raison » -, tout en faisant osciller celui-ci de 7 à 11 ans selon les lieux. Au XVIe siècle, on retarde la confirmation au même âge tout en la réservant toujours à l’évêque. Au XVIIe siècle, on veut faire coïncider réception des sacrements et années de catéchisme. Ce dernier s’est beaucoup développé car la Réforme protestante a poussé les catholiques à affiner leur enseignement. Ce premier caté commence à 7 ans et se termine vers 11-12 ans. En France, on va lier la communion avec la profession de foi. Saint Vincent de Paul en est le grand promoteur. Au XVIIIe siècle, développement de la »raison« aidant, on fait passer la confirmation après la communion : "Afin d’être assuré que les enfants présentés seront suffisamment instruits".

Dernière étape significative, le XIXe siècle

En 1910, le Pape ravive la communion pour les petits car l’Eucharistie ne sanctionne pas le terme d’une formation mais témoigne d’une capacité à la responsabilité personnelle. La question n’est pas de »savoir« , mais de se préparer à recevoir un sacrement, à son niveau, mais avec fruit. C’est toujours l’âge de raison qui fait loi. Il est fixé par le droit canonique à 7 ans. On fait désormais à cet âge sa »première communion". La profession de foi, elle, restant le reliquat typiquement français d’une pastorale locale car elle n’existe pas ailleurs.

Source : https://croire.la-croix.com/Definitions/Sacrements/Bapteme/Histoire-du-bapteme